dimanche 30 octobre 2011

Le puits de Célas 3

Là aussi cependant il faut nuancer : tous les malfrats ne furent pas collabos… et il y eut même des cas remarquables quoiqu’exceptionnels de certains (corses et juifs) qui s’engagèrent carrément et avec une efficacité toute professionnelle dans la résistance. L’un d’entre eux, Jo Attia, fut déporté à Mauthausen où son attitude fut exemplaire de courage et de solidarité. Ils furent décorés à la libération, à juste titre… bien que poursuivant leurs « activités » habituelles. Mais ils ne furent pas la majorité, loin s’en faut.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       
 Ces vocations furent évidemment le fait de la pègre ou d’une pègre. Petit à petit, avec l’arrivée des services spéciaux, de la gestapo, puis de la milice qui recrutaient à tout va, les choses s’aggravèrent. Finie, la courtoisie. La guerre tournait « mal » pour les envahisseurs c'est-à-dire « bien » pour les envahis : les positions se durcirent. La séduction n’ayant pas fonctionné, il fallait mettre de l’ordre d’une autre manière. Après les hécatombes du front de l’Est, Hitler, pour étoffer sa troupe dite d’élite, la SS, en principe strictement allemande, fut contraint de recruter à tout va dans les pays occupés, s’appuyant sur les « bonnes volontés » locales, formant ainsi des divisions qui ensuite étaient lâchées comme des loups sur d’autres pays occupés... ou sur les mêmes. Forcément, ces troupes et ces bonnes volontés étaient le fait d’une pègre appâtée par le gain à la fois haïe et surtout peu fiable.
Il est vrai cependant que même en Allemagne, les formations SS ou leur précédente, la SA, (massacrée par la SS naissante lors de la nuit des longs couteaux) furent souvent constituées dès le départ de personnages de type malfrats ou de triste acabit…  et il n’est pas inutile de préciser que l’hymne nazi, le Horst Wessel, fut écrit par un truand proxénète… tué en 1930 à la suite d’un différend… financier ! au sujet de sa « protégée » ! érigé ensuite en martyr. Mais les troupes SS allemandes étaient ensuite formées, idéologisées, ce que ne furent pas les recrutés ultérieurs ; de fait, ils présentaient de plus en plus une image désastreuse, même pour les nazis pourtant pas très « regardants » sur la question de moralité. C’est ainsi qu’à Alès par exemple, le chef de la gestapo française dont nous parlerons plus loin était un souteneur notoire surnommé Bretelle, ainsi que la plupart de ses sbires miliciens… et que la division SS « Brandebourg » qui occupait le Fort Vauban en 44 ne valait pas mieux. Quant à la Wehrmacht, elle était tragiquement étique, constituée essentiellement de vieux soldats en bout de course et d’adolescents un peu perdus, qui cependant combattaient parfois avec l’énergie du désespoir. Guy, le frère de Lydie (Luc dans les « Lettres) racontait, exceptionnellement et à mots couverts, qu’à l’époque, dans les maquis de la Drôme, et c’était un de ses souvenirs les plus difficiles… qu’il leur était arrivé de tirer des soldats qui, casque enlevé, s’avéraient être des enfants de quatorze-quinze ans environ... appelant parfois leur mère avant de mourir. Ils n’avaient pas le choix disait-il, lorsqu’ils refusaient de se rendre. Et il passait à autre chose immédiatement. Mais ce ne fut pas le cas général : la plupart se rendaient sans histoires, soulagés que ce soit enfin fini. L’un d’entre eux était tellement frêle, racontent encore les gens d’Anduze, que les menottes lui glissaient des poignets, qu’il ré enfilait immédiatement avec un geste d’excuse.   
La Wehrmacht, plus de 17 millions de soldats
La Wehrmacht ! Quelle image ! Ses gosses affamés et ses éclopés, à cette époque… mais ses soldats parfaitement entraînés avant l’hécatombe (plus de six millions de morts en tout). Ceux-ci participèrent-ils aux exactions ? A titre de simple servants ? D’exécuteurs ? De fossoyeurs ? On ne le sait pas. Il s’agit là d’un tabou tout récemment levé et qui vaut que l’on s’y attarde un instant. L’historien Omer Bartov, entre autre, répond « oui » : en Pologne notamment, les soldats de la Wehrmacht participèrent et commirent des exactions de concert avec la SS. Mais dans la région, (non sans doute) nous n’avons pas d’information précise sur ce point, plus douloureux encore pour les allemands que le nazisme proprement dit…
… car si le nazisme actif représentait malgré tout une minorité, même en Allemagne… par exemple, à titre indicatif, il n’y eut en tout et pour tout que 300 000 SS allemands sur un million de SS en tout, ce qui signifie que 700 000 SS n’étaient pas allemands… mais en revanche 17, 893 millions de soldats furent enrôlés dans la Wehrmacht, ce qui fait 22% de la population (80 millions). Celle-ci représentait donc bel et bien l’image de l’ensemble du peuple allemand : tous ont avaient ou avait eu un père, grand-père, parent ou amis incorporés. La SS ? Un ramassis de fous furieux se désignant eux-mêmes comme « sacrifiés » ou « sacrificateurs » et dont l’insigne, pour l’élite, était une tête de mort avec deux tibias croisés !… La Wehrmacht ? N’importe quel jeune allemand. Ou moins jeune, à la fin.
Le cas Gerstein
Mais l’histoire se rit des simplifications : il y eut en effet des exactions commises par la Wehrmacht… et au contraire Kurt Gerstein, un officier SS… chrétien fervent jusqu’à la passion du martyre (le cas est unique ou du moins c’est le seul connu jusqu’à présent) Kurt Gerstein essaya désespérément de dénoncer partout dans le monde le gazage des déportés dans les camps de la mort (auquel comme chimiste, il participa). Si nous connaissons en détails les chiffres, les méthodes, les objectifs du programme « nuit et brouillard », de tous ces génocides, c’est en partie grâce aux quatre rapports précis qu’il rédigea pendant la guerre, dès qu’il les connut, dont un en français… et envoya partout. L’indifférence que ceux-ci rencontrèrent tient à des raisons diverses et opposées : la première est l’incrédulité ou la lâcheté de ceux qui redoutaient pour eux des représailles, dans le cas du pape Pie XII notamment… Mais la seconde serait le désir des alliés de laisser s’enliser l’Allemagne nazie : ils n’auraient pas voulu que les massacres soient connus de tous, et dans toute leur ampleur, de peur que le peuple allemand ne se soulève alors contre Hitler... [C’était en fait le but premier de Gerstein, qu’il ne cachait nullement…] Hitler qui, surtout vers la fin, conduisait par sa folie, irrémédiablement, l’Allemagne nazie à la capitulation sans conditions. Dans cette hypothèse, si les rapports de Gerstein tombèrent bel et bien dans les mains qu’il fallait, alors, les déportés des camps auraient été sacrifiés par les alliés eux mêmes par raison d’état. (L’hypothèse fut corroborée par la suite par le détournement, dans certains cas, des armées alliées pénétrant en Pologne, des camps tout proches, les ordres étant de rejoindre le front au plus vite.) Oui : l’histoire se rit des simplifications.
Il y eut donc des soldats de la Wehrmacht qui se comportèrent en SS ; et au moins un SS, et peut-être d’autres qui furent immédiatement tués, la survie de Gerstein ayant été un miracle… un SS donc qui dénonça les exterminations massives. Il se suicida  à la libération. Car on ne le crut pas, au début du moins. Sa survie durant tout le conflit alors qu’il ne cessait de violer l’omerta ayant été quasi invraisemblable, certains prétendirent qu’il mentait pour se sauver, qu’il était mythomane etc... Ce n’était pas le cas : plusieurs témoignages, ambassadeurs, hommes politiques… corroborèrent ses dires. Gerstein, malgré sa duplicité obligatoire, disait bel et bien vrai : ses rapports existaient et ils avaient bien été transmis… Plusieurs témoins assurèrent aussi que Gerstein leur avait parlé des massacres en des occasions propices, parfois par hasard, dans un train du soir, une réception… En fait, il n’avait cessé d’alerter. Le suicide de ce fervent chrétien pose problème : le suicide est interdit par la religion. A-t-il été tué ? Qui gênait-il vraiment ? Qui redoutait que l’on sache… qu’il savait ? Un mystère, que le film de Costa Gavras (Amen) n’éclaircit pas.

             Les cas particuliers, une Arletty de village
Mais la collaboration ne fut pas toujours le fait de truands, de pleutres ou de quidams voulant s’enrichir à tout prix, si l’on peut dire... ou simplement vivre mieux. Il y eut aussi des cas de figures relativement classiques mais dont on a sans doute un peu trop parlé par romantisme car ils ne représentaient pas une grande incidence : c’est celui des femmes et des jeunes filles qui eurent des relations amoureuses avec l’occupant. Certes dangereuses et propices à toute dénonciation, volontaire ou accidentelle, on l’a vu avec l’histoire du malheureux Valmalle, mais la plupart du temps sans intérêt.

Patriotisme, réserve ? Lydie était parfois sévère sur cette question : l’amour n’excusait pas tout… une question de dignité… En fait, elle redoutait surtout les bavardages : la  vie ne tenait alors qu’à un fil, et un fil ténu. L’une de ces filles surtout l’exaspérait, qui avait ses quartiers près d’un grand café du village où elle tenait salon. Une jolie femme, esthéticienne de profession, élevant seule sa fille, très courtisée, qui avait jeté son dévolu sur un jeune officier allemand. Par amour sûrement, car elle avait d’autres prétendants plus riches à sa disposition. Notons que rien ne se passa jamais de funeste par son fait, mais la présence, l’omniprésence même de la belle écervelée l’inquiétait, même si « son » allemand ne fût que très rarement aperçu. Insouciante, ni elle ne cachait, ni elle n’affichait cette relation, qui faisait plus que jaser.

A la Libération, elle fut tondue mais pas autrement malmenée : les faits montraient qu’elle n’avait pas vraiment trahi. Sans complexes, elle coupa alors les longues boucles de sa petite fille, lui fignolant une coiffure seyante à l’aiglon, se confectionna avec les cheveux de l’enfant une demi perruque qu’elle cousit à un foulard… et le lendemain, elles se promenaient toutes deux dans le village, identiquement superbes. Cette provocation insensée fut son baroud d’honneur : elle quitta le village et on ne la revit plus jamais. Retrouva-t-elle son officier ? Est-elle devenue une ménagère allemande banale ? Exilée cependant, pour toujours.
[Certaines stars de cinéma collaborèrent également. Plus ou moins : le cas d’Arletty est proche de celui de l’esthéticienne, une histoire d’amour assura-t-elle avec force, sans plus. D’autres, au contraire, résistèrent : Joséphine Baker, Madeleine  Sologne… Leur carrière fut parfois à jamais obérée, même après la libération.]

Alors, collaboration ? Parfois en effet, la gaudriole n’ayant alors été que prétexte à d’autres relations bien plus compromettantes. Mais souvent, il ne s’agissait même pas de relations intimes. Simplement professionnelles : des femmes démunies, veuves, chargées d’enfants durent travailler au service de qui voulait bien les engager et pour des emplois subalternes, servantes, cuisinières, femmes de ménage… Des histoires d’amour ? Aussi, bien sûr. D’argent ? Sans doute. La pénurie, la misère… et surtout les souteneurs conduisirent bien des jeunes filles à une semi prostitution, organisée ou non… A la Libération, leur sort fut très divers : 20 000 furent tondues à grand spectacle sur les places des villages et des villes, parfois frappées, dénudées et « promenées » dans les rues sous les crachats de la foule, essentiellement masculine ainsi que l’attestent les images de l’époque… A Alès, ce fut pire : les malheureuses prostituées « de » Bretelle furent ensuite fusillées au crassier de Tamaris. Collaboratrices ? On ne chercha pas beaucoup. Il est probable que la plupart avaient agi « professionnellement » et qu’on ne leur avait pas laissé le choix. La résistance n’en sort pas grandie, mais il est vrai que leurs bourreaux pour la plupart ne furent pas des maquisards ni des résistants… quoique… l’omerta fut levée il y a peu par Mr. Bruguerolles : il y en eut cependant parmi eux, sanctionnés ensuite, assura-t-il, et durement… Certains toutefois étaient des maquisards « de l’heure d’avant », très tardifs. Et les comités de Libération, s’ils le voulurent, ne purent pas toujours l’empêcher ; tout allait trop vite.
    
Les maquisards de l’heure d’avant

A ce sujet, un témoin raconte, désabusé, une histoire que l’on peut décliner à l’infini. Adolescent, il offrait une particularité anodine mais fort intéressante à l’époque : il courait vite. Imbattable : un champion, il le devint d’ailleurs par la suite. De fait, il fut remarqué par des réfractaires… et c’est avec joie qu’il consentit à faire le courrier pour plusieurs maquis. Avec lui, nul besoin de vélo : ses jambes suffisaient. Il franchissait les montagnes par des raccourcis impraticables ou inconnus, par jeu, à une allure record. Aller retour. Jamais fatigué, toujours sur la brèche. A treize ans, il avait l’air d’un enfant frêle et n’attirait pas l’attention. Un gosse qui court, c’est banal, il s’amuse. De fait, il passa son temps à cette activité qui lui plaisait entre toutes. Jamais il ne fut pris et toujours les messages furent transmis à temps, me dit-il avec un éclair dans les yeux, mais il eut peur quelques fois.

Enfin, c’est la Libération. Des copains excités viennent lui annoncer que les maquisards font la fête en bas, à la Mairie du village. Il descend aussitôt, tout joyeux à l’idée de revoir ses amis dans des circonstances plus favorables qu’entre deux sprints. La foule en effet applaudissait les maquisards qui saluaient sur le promontoire, en treillis, arme à la ceinture. A l’intérieur, le vin coulait à flot… Etonné, il scruta, se faufila. Il n’y avait aucun maquisard parmi eux. Tous étaient de parfaits inconnus ! 

Le vieux monsieur en avait encore des tremblements d’indignation : il s’agissait de maquisards « de l’heure d’avant » précisa-t-il. Des imposteurs. Combien de fois cela se produisit-il ? Il supposait que le cas n’était pas unique, peut-être même fréquent. C’était la raison pour laquelle il avait toujours refusé de participer à quoique ce soit ensuite…  et qu’il avait souhaité se fondre dans un anonymat absolu dont il refuse toujours de sortir.
Il faut toutefois observer que, même parmi ces maquisards de l’heure d’avant, il y eut, lors d’engagements de dernière minute, des morts, et que certains, souvent très jeunes, étaient sincères.

Revenons au Puis de Célas ; il est ici comme un mythe et on en oublierait presque  qu’il fut à l’origine un puits de mine classique qui fit la richesse de la région. Sur certains de ceux qui y furent précipités, nous n’avons que peu de renseignements ; sur d’autres, en revanche, beaucoup. A ce sujet, il serait bon que des élèves de collège ou de lycée, à titre de travail, s’occupent par groupes ou individuellement d’un martyr inconnu, et recherchent eux mêmes tout ce qu’ils peuvent trouver à son sujet, ses descendants, ses amis. Cette recherche prend une telle ampleur qu’un seul n’y peut suffire. HBL recrute donc des bonnes volontés.

Ce puits, comment fut-il construit ? Quand ? Quelles étaient alors les ressources de la région qui l’ont forgée telle que nous la connaissons ? C’est ce que nous allons voir à présent dans la deuxième partie de ce travail. Nous retournerons ensuite à la période de 44, qui ne se laisse pas oublier, avec deux scoops.
















IV
Ressources de Célas-Servas de 1844 à 1933

Le charbon d’abord

Le puits ou plutôt les puits furent des puits de diverses nature, charbon et asphalte. Le charbon d’abord.
« Charbon » est le terme générique (général) qui désigne diverses catégories de roches combustibles solides de même origine mais d’âges différents, contenant des quantités plus ou moins importantes de carbone (C), l’élément de base. [Voir les précisions à la fin du texte en annexe 2.] Du moins au plus, on a la tourbe, le lignite et la houille… (ainsi que le pétrole dans l’ultime transformation que nous verrons ensuite) qui souvent coexistent. Ces trois roches sont issues géologiquement de plusieurs périodes ; les plus anciennes, dont le stade d’évolution est le plus achevé, sont les plus riches en carbone et les plus calorifiques : le pouvoir calorifique est la quantité de chaleur fournie par la combustion d'un kilo de matière et il est fonction de la proportion de carbone dans la roche. Pour illustrer leur différence d’âge, la tourbe n’a que 7000 ans (au moins) ; le lignite, 150 millions et la houille, 300 millions !! * La  tourbe à un pouvoir calorifique faible; le lignite, moyen (et surtout le produit est dangereux) et la houille dont l'anthracite constitue la variété supérieure, très bon (il contient 95% de carbone).

Le charbon était déjà exploité par les chinois il y a 3 000 ans ; on trouve, datant du troisième siècle avant JC (l’époque d’Alexandre) les premières épées en alliage de fer et de carbone, provenant du charbon ; le charbon de bois est encore plus ancien puisque les hommes préhistoriques s’en sont servis pour réaliser leurs dessins sur la paroi des grottes. Les premiers à exploiter le charbon en Europe furent les Gaulois au premier siècle avant J-C. mais ce n’est qu’au neuvième et dixième siècle que son usage se répand ; on l’appelle charbon de terre pour le différencier du charbon de bois. Des essais d’extraction apparaissent autour de l’an mille !

… Et neuf siècles après, avec la révolution industrielle, il a marqué de manière décisive l’histoire de l’humanité ! Comme le pétrole et le gaz naturel, c’est une énergie fossile, c'est-à-dire résultat d’une transformation profonde de masses énormes de matières organiques et végétales englouties par les eaux et préservées du pourrissement et de l’oxydation par l’eau et la compression. Il n’est pas inépuisable mais sa durée de vie est plus longue que celle du pétrole et du gaz qui actuellement tendent à se tarir. Cependant, en brûlant il libère de grandes quantités de CO2, l’un des principaux gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.

Il est à l’origine (on dit qu’il est le kérogène, ou la roche-mère) des hydrocarbures. Comme son nom l’indique, un hydro carbure est un corps qui comprend exclusivement de l’Hydrogène H et du Carbone C : le pétrole, le méthane (dont est formé le grisou) et l’asphalte sont des hydrocarbures. La formation du charbon et des hydrocarbures se fait de la même façon : lors de bouleversements climatiques et géologiques importants, d’immenses forêts furent englouties et leurs débris accumulés et mis à l’abri de l’air par des masses de boues et de sables ont commencé le processus de transformation qui débouchera des millions d’années après sur le charbon et les hydrocarbures que nous connaissons. Dans le bassin du Midi, ce sont des affaissements brutaux de terrain qui ont provoqué une invasion marine et détruit la forêt. Après ces épisodes catastrophiques, elle s’est reconstituée jusqu’à un nouveau désastre et ainsi de suite : c’est pourquoi dans le sous-sol des couches de charbon, d’asphalte… alternent avec des couches d’argiles ou de grès silicieux (des sables consolidés) qu’il faut parfois casser.


Parenthèse, silice, silicose

La silice revêt la forme de minuscules cristaux transparents qui font briller le sable ; chauffés à 1500 degrés, ils coulent et produisent le verre, découvert selon la légende par des bédouins dans le désert qui avaient abandonné longtemps un puissant feu de cuisson entouré de sable : au matin, le sol du brasier était recouvert d’une substance transparente brillante extrêmement résistante, le verre. Les verreries abondent dans la région en raison de la proximité du charbon nécessaire à la chauffe des roches ; elle est dangereuse : ses particules, très fines, se déposent dans les poumons, cassent les membranes qui retiennent un corps chimique naturel mais très toxique produit par les organismes vivants pour les protéger d’agressions extérieures, le lysozyme (du grec lyzo, casser) qui,  ainsi libéré, dégrade petit à petit les poumons. C’est comme si, dans une ville dense protégée d’envahisseurs par des armes chimiques hermétiquement confinées, on faisait exploser les murs du dépôt, laissant s’échapper les toxiques… qui vont alors s’attaquer aux autres dépôts et ainsi de suite… détruisant petit à petit tous les habitants qu’ils étaient censés garder. C’est le processus de la silicose, la terrible maladie des mineurs.

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