dimanche 30 octobre 2011

Le puits de Célas 5

VI
Le dernier cercle de l’enfer

Il est possible en effet que des erreurs judiciaires, ainsi qu’il le dénonce dans son cas, ne soient pas tout à fait inenvisageables : des prisonniers de « droits commun » qui se trouvaient par « hasard » au Fort en cette période, (Mai) suite à de petits délits (ce fut son cas) ayant été réquisitionnés manu militari par les miliciens pour diverses basses besognes que les gardiens « normaux » refusaient d’effectuer. Notons aussi que certains matons sympathisants eurent le courage de faire passer des messages de résistants à l’extérieur malgré les risques énormes : ce fut le cas pour Gustave Nouvel qui écrivit quelques lignes avec son sang disait-on, qui furent transmises. Une légende romanesque ? On pouvait le croire. Ce n’était pas le cas ; après la publication des « Lettres », un monsieur âgé (90 ans à l’époque) confirma. Il s’agissait d’un cousin de Gustave  Nouvel. Ce furent ses premiers mots : « Non, ce n’est pas un mythe, cette histoire de lettre écrite avec son sang ; je le sais parce que c’est moi qui l’ai reçue. » Un choc à sa porte, personne… mais ce papier froissé sur son paillasson. Que disait-elle ? Simplement « je suis au Fort Vauban ». Il n’avait pas eu le temps d’écrire davantage et, pour celui qui consentit à se charger du message (gardien ou détenu) le risque était immense. Le papier a bien sûr été brûlé immédiatement. Ce furent ses derniers mots écrits.

Revenons en Mai 44 au Fort. Tout se bouscule. La partie est perdue pour les nazis, les miliciens, ils le savent. Et ils se vengent préventivement. Leur haine des partisans, des communistes… ils sont comme fous. Mais certains, plus malins, ont déjà viré ou se sont enfuis, fortune faite. Pas tous. La division Brandebourg flanquée de ses rabatteurs, les miliciens de la région, occupe le deuxième étage. Or, au rez de chaussée, il y a encore quelques « droits communs » qui sont là par hasard, pour de petits délits. Bagarres, insultes à agent, des broutilles. Comme c’est souvent le cas, les prisonniers dits « courte peine » sont utilisés pour quelques tâches ménagères d’utilité commune. Mais là, c’est autre chose qui se passe au deuxième. Des arrivées le soir, la nuit… les cris, les hurlements. Des hommes en gabardine noire, aux lunettes foncées… Les pas dans le monumental escalier… Enfermés dans leurs cellules, les prisonniers crèvent de peur. C’est le chaos, le dernier cercle de l’enfer de Dante, l’horreur absolue. « Vous aviez peur de quoi ? » … « D’y passer nous aussi, tiens donc » répond il, (ensuite il témoignera tout de même d’une certaine compassion pour les martyrs.)

Le témoin donc est du nombre des « droits co » du rez de chaussée. Il devait être libéré depuis le 15 Mai,  il ne l’est pas. Pourquoi ? On a besoin de bras ? Il affirme alors que certains prisonniers, dont lui, furent en effet réquisitionnés… par qui ? pour diverses tâches… qui cette fois n’avaient plus rien à voir avec celles qu’ils effectuaient habituellement. Plus ou moins compromettantes : apporter les repas au deuxième étage… faire le ménage… mais aussi nettoyer les salles de torture… et puis… ? Se débarrasser des corps des martyrs ?... C’est là où blesse le bât. Peut-être. Les soldats n’y suffisaient plus, ils avaient d’autres combats à mener (car il y avait aussi des soldats de la Wehrmacht au Fort, souvent des adolescents enrôlés en catastrophe par Hitler devant l’hécatombe.) Donc, au Fort, on fait feu de tout bois. Nettoyer certes… Le témoin affirme avoir dû jeter régulièrement dans le vidoir du rez de chaussée de la paille et des débris de corps humains, lèvres, joues, et un jour, un œil. Et encore…. ? Participer aux tortures ?

Notons que le traitement atroce qui au deuxième était infligé aux résistants dont les cris s’entendaient dans tout le quartier avait dans certains cas suscité des sympathies, à preuve les messages transmis, soit par des gardiens, soit par des droits co qui bénéficiaient parfois de visites… Mais parmi ceux ci, il y en eut aussi qui, par peur, intérêt ou obligation, « collaborèrent ». Certains du reste étaient déjà reliés à la collaboration (sans doute furent-ils logiquement les premiers réquisitionnés par les miliciens) par le biais du marché noir, abattoirs clandestins, trafics de cigarettes et d’alcool, bars à prostituées… c'est-à-dire par intérêt bien compris : l’argent était du côté des vainqueurs, clients et consommateurs de toutes denrées. La plupart du temps, les truands, petits ou gros, sont plutôt du côté du pouvoir… Les droits co n’étaient donc pas tous de la même eau. Mais… Il y a deux moyens pour faire taire quelqu’un dont on n’est pas tout à fait sûr: le tuer ou l’utiliser c’est à dire le « mouiller » de plus en plus. Ainsi, on est certain qu’il se taira… au moins, mettons… soixante ans ? S’il survit. Le second moyen a aussi l’avantage de rendre service pour les corvées : selon les cas, les miliciens choisirent l’un ou l’autre vis-à-vis de ces gêneurs qu’étaient pour eux les droits co encombrant le Fort qu’ils désiraient s’approprier en totalité… voire l’un puis l’autre lorsqu’ils n’offraient plus d’utilité ou même représentaient un danger.

Observons à ce sujet que les « SS allemands », ceux de la division Brandebourg notamment, étaient eux aussi la plupart du temps un ramassis multi national de criminels en tout genre recrutés en urgence par l’armée allemande dans les pays occupés, pour tout usage, essentiellement réduire par les pires moyens les populations et les résistances… Une lie, en somme, et de surcroît une lie au second degré. [Il faut toutefois nuancer : parfois engagés de force, mais alors dans l’armée allemande et non dans la SS, il arriva, rarement, que certains missent assez peu de zèle à leur « travail »… jusqu’à même laisser évader des résistants issus des mêmes pays qu’eux : Jean le Serbe dut probablement son évasion à un serbe comme lui, engagé dans l’armée allemande qui laissa la porte… ouverte. Car on ne s’évadait pas du Fort.] Les miliciens (les SS français) par contre, souvent autochtones (c'est-à-dire issus de la région) pouvaient donner le change, s’infiltrer dans la population, faire parler, récolter des dénonciations. Il rabattaient, livraient : les seconds arrivaient ensuite. Mais les miliciens français eux aussi étaient souvent des délinquants et des délinquants « lourds », souteneurs, criminels, malfrats… rarement de « vrais » fascistes ; ceux-ci, répugnant à se battre sur le sol français contre des résistants de la même nationalité, préféraient s’engager dans les divisions SS françaises à l’étranger… dans la division Charlemagne, notamment, qui comporta 7340 hommes, se battit à Stalingrad et à Berlin… et qui n’eut presqu’aucun survivant. Parmi les miliciens, seule une poignée était idéologiquement engagée vers le nazisme ou une extrême droite anti communiste fanatique et musclée… qui méprisait cette pègre « opportuniste »… dont quelquefois étaient leurs chefs ! prêts à virer casaque selon le vent…

Et justement, en Mai 44, le vent était en train de tourner. Parmi les girouettes, se trouvait… ni plus ni moins…  le chef de la gestapo (française), un certain Raynaud surnommé « Bretelle », de sinistre mémoire. Tenancier de plusieurs bars louches, maisons de prostitution… ce déséquilibré violent se délectait à faire régner la terreur autour de lui, même en allant simplement boire son café aux terrasses : son habitude était, si quelqu’un lui déplaisait, de sortir des ciseaux et de lui couper… la cravate, au raz du cou, la barbe ou parfois les bretelles, afin de le ridiculiser. Or Bretelle, sentant la fin venir, après avoir enterré le fruit de ses rapines, un trésor dit-on… [à ce sujet, parmi les victimes de la milice, tous n’étaient pas systématiquement des résistants : certains ne furent massacrés que par esprit de lucre, comme les trois (?) jeunes femmes… en robe de soie ! retrouvées au charnier de Saint Hilaire, des réfugiées venues se mettre à l’abri avec leurs domestiques et quelques biens dans la région]… Bretelle donc avait largué les amarres… et même tenté de retourner sa veste… avec l’ « aide » (!) machiavélique… de Barrot ! Barrot, le chef du maquis « Bir Hakheim » qui mourut au combat peu après avec tout son maquis. La tête du malfrat fut donc mise à prix… à la fois par la résistance, ce qui était naturel et déjà ancien, mais aussi par ses propres « hommes ». Malchance pour lui, ce furent ceux-ci qui emportèrent le pot : débusqué, il fut conduit au Fort où ils se déchaînèrent. Horriblement torturé (énucléé etc…) il fut précipité dans le puits. Avec Gustave Nouvel et Lucien Belnot.    

Alors, torturés, les miliciens vaincus, comme le dit le témoin 3 ? Non, pas au sens de l’époque : ce qu’ils endurèrent n’a rien à voir avec ce que subirent les résistants, qui en moururent… Mais lorsqu’ils tournaient à la manivelle le treuil (manuel) qui remontait la « cage » chargée de corps (et de l’un d’eux) 300 kilos ou plus selon les cas… mais le treuil diminue de beaucoup la force nécessaire au halage…  s’ils faiblissaient, il arrivait qu’il fussent, selon l’expression de Mr. Saladin, « stimulés » un peu vigoureusement… Tortures ? Au sens large, disons. Mais il y eut aussi des « exercices de tir » à la Guillaume Tel assez éprouvants : les miliciens étaient placés contre le mur de la lampisterie, immobiles, avec sur la tête des tuiles empilées et les maquisards défilaient par jeu devant eux en tirant à toute vitesse sur l’instable chargement… qui explosait au dessus de leur crâne… Ils ne furent certes jamais touchés, ce qui aurait valu au maladroit déshonneur et corvée… mais on conçoit la terreur de ces hommes déjà épuisés par leur horrible tâche… et qui devaient ensuite regagner le Fort sous les crachats et les coups de la foule à Alès, sur l’esplanade, prête à les lyncher. Selon le témoin 3, ce fut le pire ; les coups n’étaient rien, mais la foule déchaînée… Sa rage et sa peur demeurent intactes : il dit avoir échappé de justesse à une mort atroce. Le flot l’avait saisi et les gardiens eurent le plus grand mal à l’extraire, déjà en fort mauvais état.

Alors ? Furent-ils consciencieux, ces hommes battus, terrorisés ? Un spéléologue, Mr. de Joly, vérifia à la fin il est vrai. Mais les mouvements de l’eau rendent parfois les corps longtemps après et le puits ne fut plus jamais fouillé par la suite. Scellé. Cette fois, à jamais.


Des questions sans réponses

Un autre mystère suit et corrobore la première hypothèse : personne ne parle à ce moment (ni jamais) des autres débris, notamment des peaux de moutons. Or celles-ci, comme tout cuir, sont extrêmement résistantes : les sandales de l’un des premiers (du moins l’un des premiers attesté) à avoir été précipité, le 9 Juin 44, Gustave Nouvel, furent retrouvées quasi intactes. Les débris animaux ont-ils simplement été négligés ? Ou leur jet ayant été antérieur à celui des martyrs, auraient-ils coulé plus profondément ? On est alors renvoyé à la première hypothèse : quid des précédentes victimes s’il y en eut, précipitées avant le 9 Juin 44 ? Comme les peaux, se sont-elles à jamais englouties? C’est une possibilité. On peut aussi se demander si l’asphalte dilué dans les eaux aurait brûlé ou au contraire conservé les corps en fonction des différents endroits où ils s’écrasèrent… voire où ils furent entraînés par les courants et par les chocs (comparables à des explosions) des autres martyrs précipitées sur eux. Rappelons nous: l’asphalte ou certains de ses dérivés servaient aux égyptiens à embaumer leurs morts. Les plus anciens auraient alors définitivement disparus, aspirés par des galeries latérales inondées par la brutale surpression, et seuls auraient surnagé ceux qui furent précipités après le 9 juin 44. Préservés ou déchiquetés. Leurs photos montrent en effet des corps très différemment conservés: beaucoup il est vrai sont méconnaissables, amputés, décapités … mais celui de Lisa Ost, par exemple, est parfaitement conservé : sa beauté, la finesse de ses traits quasi intacts malgré la chute et sa mort atroce est poignante. Toutefois, elle est prise de profil gauche et si on l’observe attentivement, on devine le début d’un enfoncement du visage du côté droit. Son buste par contre est intact. Conservée miraculeusement par une coulée d’asphalte nitré ? Peut-être. D’autres auraient-ils été brûlés au contraire, désintégrés ? Selon sa concentration en soufre, l’asphalte peut faire les deux.

En conclusion, sans qu’il ne s’agisse d’une critique vis-à-vis des comités de libération  qui en cette époque devaient faire face à toutes les urgences et sur tous les plans, il demeure que trois jours seulement semblent insuffisants pour s’assurer qu’il ne demeurait plus de martyrs ni plus rien d’eux à Célas, au fond du puits… et qu’il faut considérer le monument qui s’y érige actuellement comme un tombeau et non comme un mémorial cénotaphe.                    

  Hélène Larrivé




























Annexe 1

* Les époques géologiques ou « ères » se divisent en 4 principales :

1 L’époque Primaire : qui va de - 590 à  -286 millions d’années, se divise en Cambrien, Ordovicien, Silurien, Dévonien, Carbonifère, Permien.

2 L’époque Secondaire : qui va de - 286 à -144 millions d’années, se divise en Trias, Jurassique, Crétacé.

3 L’époque Tertiaire : qui va de -65 à -5,1 millions d’années, se divise en Paléocène, Eocène, Oligocène, Miocène, Pliocène.

4 L’époque Quaternaire, la nôtre,  se divise en Pléistocène, Holocène…  [NB Pendant cette période, qui vit la naissance de l’homme (homo sapiens-sapiens), de -110 000 ans à -13 000 ans, des oscillations de l’axe de la terre générèrent une période glaciaire assez longue, qui risque de revenir dans 10 000 ans.]

Pas de panique ! Ces noms qui semblent barbares ont souvent été attribués au dix neuvième siècle par des géologues… simplement en fonction des endroits où les roches correspondant à chacune de ces époques géologiques furent repérées ! par exemple le Cambrien vient de Cambria, le nom romain du Pays de Galles ; l'Ordovicien et le Silurien proviennent du nom de tribus celtes, les Ordovices et les Silures, qui vivaient au pays de Galles ; le Dévonien est issu du Devonshire en Angleterre où ces roches furent étudiées pour la première fois ; le Carbonifère vient évidemment de charbon ; le Permien, de Perm, en Russie, où ces roches furent examinées en premier ; le Trias comporte des roches qui se divisent en trois unités, (tria en latin signifie trois) ; le Jurassique dérive de « Jura » où des roches de cet âge furent étudiées en premier et le Crétacé, de « creta », qui signifie « craie » en latin (comme les falaises blanches le long de la Manche) etc…

** Le plissement dit hercynien (le nom viendrait d’un mot allemand signifiant «montagne» … ou d’un mot latin, chêne, « quercus ») qui a fait naître les Cévennes  comme les montagnes de la forêt noire, de la bohême et les massifs armoricains (bretons)… date de l’époque la plus ancienne, l’époque primaire, au Carbonifère ; il a créé des chaînes élevées qui ensuite, à l’époque secondaire, au Jurassique, seront adoucies par l'érosion comme en témoignent les montagnes striées entourant Anduze. Puis, au Crétacé, les zones de fracture se remplissent de sédiments végétaux et marins, formant des bassins (parisien et aquitain)… Ce sont les sources de gisements de lignite. [NB : c’est à l'ère tertiaire seulement, assez récente, que se soulèvent le Jura, les Alpes et les Pyrénées, et c’est ensuite, à l'ère quaternaire (la nôtre) en raison de des longues périodes glaciaires que se sculpteront leurs aiguilles et leurs vallées abruptes.]
Le Massif central, le plus vaste massif montagneux de France est aussi le plus caractéristique de ces montagnes anciennes remodelées par les ères ultérieures non glaciaires. Totalement érodés, les sommets du Primaire constituent aujourd'hui le socle d'une « pénéplaine » (pseudo plaine) remontant doucement de l'ouest vers l'est et s'effondrant brusquement dans le sillon rhodanien (la vallée du Rhône).

*** L’étymologie (c'est-à-dire l’origine d’un mot) de « Cévennes » est contestée : « sept veines » dit-on parfois, en relation avec sept rivières… ce qui ne semble pas être en accord avec le grec et le latin (César, Ptolémée… parlaient déjà de « Cévennes ») ; plus vraisemblablement, le nom est d’origine celtique : « beinn », d’où provient vennes, signifie en gaëlique tout simplement « montagne ». Le gaëlique est la langue des premiers celtes. (Les celtes sont un peuple venu de l’est qui peupla la Gaule, entre autre, dès le huitième siècle avant JC. C’est pourquoi on les appelle aussi gaulois : ce sont les ancêtres de certains d’entre nous.)

****  C’est en 1972 que le soubassement du puits démantelé est transformé en ce beau mémorial que nous pouvons voir aujourd’hui, par le comité d'union de la résistance alésienne sous l’égide de Pierre Bolmont. [Notons toutefois que certains résistants eussent préféré qu’il restât en l’état ; Lydie par exemple, avec l’humour caustique qui était sien, parlait notamment de « puits d’opérette » et déplorait qu’on ne l’eût pas préservé à l’identique comme la dernière image que les martyrs emportèrent avant de mourir.] Depuis le site est entretenu et particulièrement suscité, inlassablement, quant à la charge de mémoire qu’il représente non seulement pour nous mais pour tous, par des associations d’anciens combattants, les camarades mêmes de ceux qui tombèrent, survivant/es dans certains cas quasi miraculé/es… et notamment l’Arac, sous la direction de militants (Jacques Dommenech, Pierre Clech, etc…) organisant visites, expositions, lectures… ainsi que les Mairies de villes environnantes : le Martinet, Saint Florent, Saint Jean… et des enseignants de collèges ou écoles primaires.

Extrait du rapport de 1955 d’une unité de recherches de Montpellier sur les restes des bâtisses minières du Languedoc roussillon. « Du puits sud ne subsistaient que les murs en pierre du bâtiment annexe : magasin, bureau et lampisterie. Le socle du puits nord, en parpaings de béton issus de résidus industriels abrite des plaques commémoratives et une fresque d’un peintre déporté. Le chevalement était haut d'une dizaine de mètres, en cornières métalliques à simple avant carré porteur. Le puits était profond de 133 mètres. Sa matière annexe est du calcaire, du résidu industriel en gros œuvre, des parpaings de béton. Sa typologie est rectangulaire, il est actuellement à l’état de vestiges. C’est une propriété publique. L’édifice est protégé par les Monuments Historiques. »



Annexe 2

Précisions sur le kérogène : le grisou

Un « kérogène » (du grec, kéros, cire et gène, naissance) est la roche-mère d’où proviennent et suintent les hydrocarbures (les «cires»). La roche les piège, ils se transforment et sous la pression croissante, la gangue se fissure et les laisse suinter vers la surface… tout en demeurant après leur expulsion, appauvrie en carbone C (qui a contribué à former les hydrocarbures.) Le charbon à un certain stade de son évolution est un kérogène : lorsqu’il est devenu  houille, c'est-à-dire lorsque concentration en carbone est suffisante, il engendre pétrole et gaz en fixant l’hydrogène… Il n’est pas lui-même un hydrocarbure car il ne contient pas au départ d’hydrogène (H)... mais il tend à le fixer… et devient alors hydrocarbure… Son extraction dans les mines n’arrête pas son évolution naturelle : on a là l’origine du terrible grisou (CH4) issu de la transformation normale, qui se poursuit au fond des puits, du charbon C en pétrole et gaz… Le grisou, cause d’innombrables morts de mineurs.

Formation de charbon, pétroles, asphaltes et gaz

Le pétrole non raffiné, outre le carbone et l’hydrogène, contient également 15% environ d’asphaltènes (mélange d'oxygène, d'azote et de soufre) ; formé à partir d'organismes vivants divers, chaque pétrole a ses caractéristiques propres. Lorsque des organismes (y compris nous) meurent, leurs composants (carbone, hydrogène, azote et oxygène)  formant jusqu’alors des assemblages complexes, (les plantes, nous !) … se dissocient et leurs éléments sont alors recyclés par la nature : le gaz carbonique, par les végétaux ; les matières azotées, par les sols qu’elles fertilisent etc... C’est ce qu’on appelle un écosystème, une osmose, un miracle peut-être. Mais lors de catastrophes géologiques, les déchets en surabondance ne peuvent être réutilisés et ils demeurent inclus dans des roches au fond des océans, lacs… Ces roches deviennent les kérogènes engendrant charbon et hydrocarbures (asphaltes, gaz et pétrole.) Le charbon est ici l’interface : issu d’un kérogène (la roche qui l’a inclus et a permis sa formation) il est aussi un kérogène, le premier maillon de la chaîne qui va produire les hydrocarbures… grâce au carbone dont il se charge petit à petit en concentration de plus en plus grande jusqu’à pouvoir fixer l’hydrogène et former le pétrole... 
Tout le monde a pu l’observer lorsqu’il se clive : les fossiles de fougères, bleuets… parfaitement conservés dans ses feuilles, montrent qu’il est plus proche des sédiments végétaux que les hydrocarbures.



Le cycle

Tout cela forme un cycle. C’est à partir de 50 à 120 °C que le kérogène subit une décomposition ou pyrolyse qui va former le charbon et les hydrocarbures. La pyrolyse cesse lorsque la pression casse la roche mère : celle-ci demeure (riche en carbone) et liquide et gaz suintent, migrent vers la surface et parviennent près du sol, chargés, sous forme de bitumes ou asphaltes, le composé plus vieux que le pétrole dont on peut tirer du pétrole. [Pour obtenir un gisement de pétrole liquide exploitable, il faut que les hydrocarbures soient totalement piégés dans leur remontée par une couche imperméable qui forme une « cloche » au dessus du réservoir, ce qui est rare…] Et le cycle se reforme : le kérogène ayant perdu tout son hydrogène ne produit plus d’hydrocarbures mais il reste encore du charbon en petite quantité, ce charbon dont il était parti etc… Quant au réservoir de pétrole, sous le poids de nouveaux sédiments, il est repoussé vers les profondeurs d’où il provient, et subir une seconde pyrolyse qui le distille… produisant du gaz et du pétrole plus raffiné, qui à nouveau vont casser le kérogène qui les inclut, remonter, s’infiltrer et former des bitumes et asphaltes de seconde génération etc… Si le réservoir est étanche, cette nouvelle plongée entraîne la formation de gaz ; sinon, il fuit petit à petit et il ne reste que les bitumes ou asphaltes... Tous ceci se déroule jusqu’à épuisement des matières, épuisement naturel ou relié à l’exploitation humaine de celles-ci dans les puits et les mines… Les hydrocarbures et même le charbon, en ce sens, ne sont pas des énergies inépuisables : simplement, il faudra attendre trois à six millions d’années pour que les gisements se reforment.



Le grisou, œuvre de Constantin Meunier




                          Annexe trois

Bilan des morts de la seconde guerre mondiale,

Les chiffres estimés des pertes humaines dues à la seconde guerre mondiale varient de 52 à 62,2 millions (!) en raison des morts chinois et asiatiques (Philippines, Iles Salomon, Java, Malaisie…) issus des japonais, que l’on n’a pu chiffrer de façon précise. Marc Nouschi indique de 6 à 22 millions de morts chinois ; d’autres sources, 11 millions de chinois et 5 d’asiatiques, ce qui fait pour toute l’Asie 16 millions dont 3 pour le Japon seul. Si on se cale sur ce chiffre de 11 millions de morts chinois, la population chinoise étant à l’époque de 455 millions, on considère que 2,2% de la population chinoise est morte durant la seconde guerre mondiale. A titre de comparaison, la famine qui commença en 58 fit entre 15 et 30 millions de morts en Chine. 

Chine,                   6 à 22        millions de morts !    2,2 % de la population du pays
Asie                      5                millions                     (inchiffrable)   
URSS,                21,1            millions                   10  %  de la population du pays            
Allemagne          7,0              millions                   12  %   ----------------------------
Pologne              5,42            millions                   15  %   (dont 3 millions de juifs)
Japon                  3, 0            millions                    4  %   -----------------------------
Yougoslavie        1, 5            millions                   10 %   -----------------------------
France                     600 000                                  1,5 %   -----------------------------
Italie,                       400 000                                  1  %    ------------------------------
Royaume Uni          388 000                                  0,8 %  -----------------------------
Etats Unis               300 000                                  0,2 %  -----------------------------

58,7 millions de morts durant la seconde guerre c’est à dire  2,6 % de la population mondiale.  En proportion, par ordre décroissant, on a :

La Pologne           15 % de la population morte durant le conflit (la plus touchée.)
L’Allemagne         12 % -----------------------------------------------
L’URSS                10 % -----------------------------------------------
La Yougoslavie    10 % -----------------------------------------------
Le Japon               4 % -----------------------------------------------
La Chine                2,2  % --------------------------------------------
La France              1,5  % --------------------------------------------
L’Italie                    1    % --------------------------------------------
Le Royaume Uni 0,8   % --------------------------------------------
Les Etats-Unis    0,2  % --------------------------------------------- (le pays le moins touché.)

La plupart de ces morts furent des civil/es




Annexe 4


Des guerres extraordinairement complexes

La première guerre mondiale (14/18), issue des luttes nationalistes exacerbées des peuples opprimés, serbes notamment, dans l’empire Austro Hongrois « occupant »… éclate lors de l’assassinat à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, le 28 juin 1914 de l’héritier de l’empire par un jeune serbe bosniaque au cours d’un attentat à la bombe : la première déclaration de guerre est celle de l’Autriche à la Serbie… le reste s’ensuivit et le conflit devint rapidement mondial.

Dans cette guerre, on a d’un côté : l’Autriche-Hongrie évidemment, l’Allemagne, l’empire ottoman (turc) suivis par la Bulgarie… (qui changea de bord en cours de route) ; et de l’autre : la France, l’Angleterre, la Russie… dites la « triple entente », la Serbie évidemment, rejointes ensuite par le Japon, les Etats-Unis, l’Italie, la Roumanie, la Belgique, le Portugal, la Chine,

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